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jeudi 1 novembre 2007

STEPHAN EICHER & BAND ~ L'Olympia. Paris.




 







Première partie : Finn


Ce qu’en a pensé ViK :

« Ce matin, j’ai rêvé et je m’en souviens, car ça m’a réveillé. C’était très très étrange : un bout de terre au bout du monde avec le soleil en cascade, une forêt de yuccas géants avec des branches velues, surmontées de petites têtes hirsutes, à la frontière de trois déserts, des collines arides, un portail ouvert… une maison et, sur la fenêtre, une citrouille qui scintille encore... la nuit s'est étirée, s'est étendue longuement… et le vent sur le chemin, et le vent sur le chemin, ne me dis rien, ne me dis rien… Halloween, la nuit des masques est passée, et l’Eldorado d’hier soir a enchanté le reste de la nuit !... J'ai Stephan Eicher en tête depuis mon réveil. « Que faut-il qu’on fasse, Faut-il qu’on casse, Pour être en face D’Eldorado ? » Cet album me trotte dans la tête. Voilà, le premier concert de l’Olympia est passé... je suis un peu mélancolique parce que c’est fini, mais c’était très bon, cette soirée magique avec Stephan ne m’a vraiment pas déçu !!! Il a su "décoincer" le public avec cette invitation au voyage au delà de l’Atlantique, c'était assez fabuleux !!! Aah ! Vérification immédiate… oui, mon billet pour ce soir est toujours là !
 
19h15, la nuit, me voici reparti direction le boulevard des Capucines pour cette deuxième soirée, après la soirée d'Halloween, et pour profiter encore de ces instants privilégiés. Le nom de Stephan s'affiche en rouge sur la façade de la salle qui a vu tellement de mythes vivants (bon, ok, la salle a été déplacée, reconstruite, remodelée à l’ancienne, mais bon...), et je ne doute pas que le concert sera à la hauteur, comme à chaque fois qu’il est sur scène. Ticket d'entrée déchiré, petite fouille, salle obscure, et une gentille hôtesse pour m’accompagner à la mezzanine, au 1er rang… largement le temps de m'installer et d’observer… pas de people ce soir, peut-être un concert différent de celui de hier soir ? Le public constitué en bonne partie de quadragénaires, est sagement, ou plutôt forcément, aligné en rang mais les fans sont là...

20h08 : Première partie : l’ami de Stephan, Finn : il ouvre le rideau rouge, toujours à la guitare acoustique… pas beaucoup de lumière, peut-être pour cacher sa timidité… on a vraiment du mal à le voir, il a la même voix – très belle - de femme que la veille, une apparence fragile malgré une présence surprenante. C'est assez space, psychédélique. Le projecteur envoie quelques images sommaires d’oiseaux sur le chanteur. Son ami qui l’accompagne au mix fait voler des ballons de baudruche, en nombre limité, dans la salle, que les gens se font passer (bof bof). Il enregistre des sons qu’il rediffuse ensuite, afin de créer un écho (similaire au « loop » utilisé par Stephan). C'est typiquement le genre de musique qu’on peut écouter en pensant à autre chose, les chansons se répètent pas mal et la setlist est limitée. Enfin une dernière chanson, que tout le monde connaît, et dédiée à Stephan, une très belle reprise du Moon River d’Henry Mancini (composée pour Audrey Hepburn dans le film "Breakfast at Tiffany’s" de Blake Edwards). Il faut reconnaître la chanson est belle, et que Finn la chante avec émotion… Une partie du public, du coup, applaudit. Ensuite "L'Olympia [nous] offre vingt minutes d'entracte".

21h15 : Obscurité totale, trouée d'un disque de lumière lunaire, un tonnerre d'applaudissements, la salle frémit, et enfin le rideau rouge s’ouvre. Stephan Eicher apparaît, seul avec sa guitare Yamaha. Fraîchement débarqué à l'Olympia (la veille), il entre en scène comme pour un rendez-vous avec son public : follement classe, tout de noir et blanc vêtu, le "Suisse errant" de la génération punk de la fin des années 70, le rocker solitaire nous sourit, avant de nous faire partager son spleen et sa mélancolie. Le studio de photographe riche en ombres noires et blanches, les draps blancs tendus vers le fond, les ombrelles noires et dorées et lampes-réflecteurs, la multitude d’instruments sur la scène, le portable I-Mac,… tout est là, rien ne semble manquer… tout a été rangé… de nouveau pour cette soirée. Lorsqu’il débute avec Two people in a room, on a l'impression d'être en tête à tête avec lui… on sent déjà le pari gagné… on s’en rend encore un peu plus compte lorsque, toujours seul, il entonne Pas d’ami comme toi et… On est d'abord surpris par son accent, mi rocailleux mi chantant. Ce timbre si particulier qui colore sa musique… "Je peux encore en faire un ?"… Venez danser comme clôture de cette trilogie acoustique, avec ce procédé d'enregistrement puis de rediffusion qui fait un magnifique écho.

Stephan est rejoint par ses trois musiciens, l’un après l’autre, pour faire décoller la salle. Tous trois multi instrumentistes insensés : piano, guitares, cuivres, programmation, deux batteries, loops et instruments en tous genres. On va les voir passer d'un instrument à l'autre en traversant la scène en courant, sautant par-dessus des câbles, comme dans un jeu. Grâce au procédé d'enregistrement, on pourrait croire à un véritable orchestre. C'est là une des principales originalités de cette mise en scène : chaque morceau se construit au fur et à mesure, à partir de l'enregistrement en direct des différentes parties assurées par chaque musicien. Pour faire court, alors que le morceau est lancé, on a sur scène Stephan et ses 3 musiciens qui assurent une partition qui devrait être jouée par pas moins de 20 personnes !

Eldorado : plus de cinq minutes de ballade, la première démonstration de talent à l'état pur : des arrangements de folie, une mise en scène sobre mais hyper classe (le jeu des lampes et des couleurs). Les mélodies de Stéphan s'accrochent toujours dans un coin de ma tête et ne se décrochent pas si facilement. Manteau de gloire nous plonge dans ses arrangements cuivrés, I tell this night est magique, et Tu ne me dois rien est totalement revisité. Car c'est l'autre énorme talent de l'artiste : d'un concert à l'autre, il ne propose jamais deux versions identiques d'une même chanson. 

Hemmige : comme à son habitude, il s’amuse et met tout le monde à l’aise avec cet humour dont il a le secret "Chacun choisit une note au hasard et la chante quand je fais signe"... S'ensuit alors un joyeux moment de musique dans l’air, puis c’est l’harmonie en dialecte bernois… « Eis singe um käi prys nei bhuetis nei Wil si Hemmige hei... »... encore plus survolté que d'ordinaire, avec Martin au tuba sur une atmosphère de corrida / feria, rythmée par le bruit d'un coucou suisse, et par celui de la foule que Stephan a enregistré quelques minutes auparavant avec son I-Mac. De la spontanéité, des instruments qui se mélangent, des sons électriques oubliés pour plus d’intimité, un Toby furieux sur sa grosse caisse tout en manipulant des instruments très étranges.

Les chansons s'enchaînent, pour notre plaisir, avec toujours un petit mot, un échange, entre chacune d'elle. I tell this night, accompagnée tout en douceur par Reyn au piano et par des chœurs, puis Tu ne me dois rien dans une version tout à fait déconcertante, mais bienvenue. Le spectacle est total, pas de temps mort, tout à l’air naturel... mais à y réfléchir, tout ou presque, est réglé comme du papier à musique. Les Confettis sont de la fête… avec un banjo ensoleillé… sous la plume de Philippe Djian… « Il est tout à fait impensable, Il est tout à fait hors de question, Que tu viennes t'asseoir à ma table, Que tu me fasses la conversation… ». J'aime sa voix, un peu rauque et pourtant très douce. Trois coups de baguette de Toby et on lance Combien de temps, avec des éclairages violemment stroboscopiques. Le public applaudit et crie à la fin. I cry at commercials jazzy, soutenu par une trompette sublime, ramène un peu de calme. On nous a donné, toujours accompagné de claquements de mains quand Stephan suspend son chant le temps d'une respiration, et d’une boucle dans laquelle fusionne Ce peu d'amour - et son texte simple et poétique - : un enchaînement génial… « Ce peu d'amour que tu me donnes, Ce peu d'égards que je reçois, Sont-ils de trop pour un seul homme ?, Sont-ils de trop venant de toi ?... »

Stephan Eicher donne une impression de facilité tout en choisissant les rythmes les plus surprenants pour interpréter ses chansons que l'on attend jamais ainsi. A chaque fois, une interprétation inconnue, un souffle nouveau, presque de nouvelles chansons. Le public suit toujours, presque recueilli par moments, en particulier lors de la sublime interprétation de Rivière, avec son texte magnifique de Philippe Djian, plus charnelle et vibrante qu'à l'accoutumée. Un moment de plaisir que l'on sait éphémère ? Alors on savoure cette étonnante voix. Les jeux de lumière, bien que simples, sont superbes, et mettent l'accent sur telle ou telle partie de la scène. Weiss Nid Was Es Isch , petite perle qu'il sort de son nouvel album, avec un piano au premier plan qui nous emmène, une voix douce... et ça roule tout seul. Bien qu'il ait refusé de nous jouer Déjeuner en Paix au début "Si vous voulez Déjeuner en paix, je me casse.", c'est sur cette dernière ("…Attachez vos ceintures… "), énergique et méconnaissable, dans une version hard, déjantée (il semble prendre plaisir à maltraiter cette chanson) qu'il termine le concert (avant les rappels). Un "Merci beaucoup", il s’en va, quitte la scène et les applaudissements crépitent.

Le spectacle est superbe, les musiciens frôlent la perfection et la joie des retrouvailles entre Stephan et le public est évidente... comme un vrai Rendez-Vous ! Il revient. Le public est heureux et tous ressentent la beauté du moment. Les «Merci» fusent de partout, Stephan y répond, l’air étonné et ravi. Avec sa guitare, le très beau Voyage, une jolie ballade avec une séquence numérique pleine de charme... pour poursuivre avec un magnifique et moelleux Campari Soda, qui rouille et brouille la voix… (« I nime no a Campari Soda, Wit unger mir ligt ds Wulchemeer, Der Ventilator summet lislig, As isch aus gäbs mi nümme me… ») : un cocktail agréable, les claviers délicats de Reyn, quelques mesures de "Weiss Nid Was Es Isch", un loop, soda et un goutte du Creep de Radiohead. Prêt à servir. Olé, comme dans une arène sans toros, castagnettes et trompettes… on dirait une musique de western, mexicain plus mariachi que jamais, avec Martin de Calexico, mais sans Raphaël, avec Toby et son grand sombrero à la batterie, le single, le tube, qui commence à marquer les esprits, Rendez-vous… : « J'avais dormi quelque part, une nuit ou tu n’étais pas la, j'avais bien bu je crois et j'avais le ciel en moi, Et le vent sur le chemin, et le vent sur le chemin, ne me dis rien, ne me dis rien… ». Une superbe version live, du grand art.

Le public est une nouvelle fois debout pour applaudir, danser devant la scène. Voilà, c'est fini, Stephan présente ses amis les musiciens, apparemment heureux, jette des baisers un peu partout "Merci… Rentrez bien ! " et quitte la scène... Les lumières de la salle se rallument, le public continue d'applaudir... le public en veut encore ! La salle décidément très en forme est debout, applaudit, crie ! Stephan revient "contraint et forcé", joyeux avec sa fine équipe et nous la présente de nouveau... et puis "J’aimerais bien faire une chanson avec un garçon qui m’a beaucoup inspire sur le dernier disque Eldorado et qui a fait la première partie, Madame et Messiers… Finn ! "… Ce dernier arrive, surpris, pour un duo d’une impalpable beauté sur Moon River avec leurs deux voix très complémentaires… 

« Moon River, wider than a mile, I'm crossing you in style some day. Oh, dream maker, you heart breaker… ». Purs instants de grâce et véritable bijoux ! Peu de mots sont prononcés à la fin de la chanson. Stephan Eicher dit encore merci, mais sa gorge est nouée sous les ovations du public. Les Merci et bravo son nombreux et aussi tôt Finn, gêné peut-être, saute de la scène et se précipite vers la sortie de secours. "Merci, Ciao". Cette fois c’est vraiment fini ! Déjà, hélas... 

Un concert à la fois sobre et plaisant, solide et romantique. J'ai trouvé absolument génial qu'il change ainsi ses chansons, ces mélodies ciselées avec finesse, en y ajoutant une touche expérimentale : une ballade qui s'emballe sur des rythmes rock, une musique lente qui se voit accélérée, des instruments différents de ceux des albums pour donner une envie de mieux découvrir cette rivière musicale. C'est un vrai régal. Un grand concert par un grand artiste. Stephan a réussit l’impensable avec son florilège musical, atteindre les sommets dans ce concert plein de délicatesse. 

La promesse est tenue, la foule s’en va peu à peu, avec des étoiles dans la tête, à la recherche de l’Eldorado, vers les sorties, avec l'impression d'avoir assisté à un concert qui lui échappe déjà : il devient un souvenir que l'on ne pourra plus revivre. Le temps est venu pour moi aussi de quitter la salle… de nouveau, mais cette fois sans nouveau rendez-vous ! » 

Je surveille le chemin
Je n'ai rien d'autre faire


Mais rien ne vient



photos de 



Finn, incarné par le seul Patrick Zimmer, a été repéré par la presse allemande grâce à un premier album (Expose Yourself To Lower Education) et un maxi (Expose Yourself To Disco Education).

 2


Stephan Eicher est un artiste au croisement d'origines tsiganes et suisses allemandes essentiellement connu en tant qu'auteur, chanteur et compositeur. Plus à l'aise avec les instruments de musique et les ordinateurs qu'avec les gens, c'est paradoxalement accompagné qu'il fait ses premiers pas sur scène. La chanson 'Combien de temps', en 1987, s'impose comme le premier classique de son répertoire. Fruits de sa collaboration avec l'écrivain Philippe Djian, la consécration vient en 1991 avec l'album 'Engelberg' et les singles 'Déjeuner en paix' ou 'Pas d'amis comme toi'. Si les tournées attirent toujours, les albums suivants passent un peu inaperçus. Malgré sa popularité et un public fidèle et divers, Stephan Eicher reste assez peu médiatisé, en retrait du show bizz, relativement discret. En 2007, il signe son nouvel album 'Eldorado'.

(http://www.myspace.com/stephaneicher)
(http://suisse.myspace.com/laaal)
(http://www.stephaneicher.com/)
(http://fr-fr.facebook.com/pages/Stephan-Eicher/40048282480?v=info


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1980 : Spielt Noise Boys
1982 : Souvenir
1983 : Les Chansons bleues
1984 : Les Filles de Limmatquai
1985 : I Tell This Night
1987 : Silence
1989 : My Place
1991 : Engelberg
1993 : Carcassonne
1994 : Non ci badar, guarda e passa (Live + vidéocassette "Guarda e passa")
1996 : 1000 vies
1999 : Louanges
2001 : Hotel's (Compilation)
2002 : Monsieur N. - Bande originale du film d'Antoine de Caunes
2003 : Taxi Europa
2004 : Tour Taxi Europa (Live)
2007 : Eldorado




Stephan Eicher (Vocal, guitar)
Reyn (Piano, bass, keyboard, drums)
Toby Dammit (Drums, Percussions, Vibes, backing vocals)
Martin Wenk (From
Calexico)
(trompet, guitar, ukulélé, mandolin, vibraphon, bass, drums, programming, Rhodes, backing vocal)






Two people in a room (I tell this night – 1985)
Pas d'ami (comme toi) (Engelberg – 1991)
Venez danser (Eldorado – 2007)
Eldorado (Eldorado – 2007)

Manteau de Gloire (Carcassone – 1993)
Hemmige (Engelberg – 1991)
I tell this night (I tell this night – 1985)
Tu ne me dois rien (Engelberg – 1991)
Confettis (Eldorado – 2007)
Combien de temps (Silence – 1990)
(I cry at) Commercials (Eldorado – 2007)
Weiss Nid Was Es Isch (Eldorado – 2007)

On nous a donné (Taxi Europa – 2003)
Ce peu d’amour (Louanges – 1999)
Riviere (Carcassone – 1993)
Déjeuner en paix (Engelberg – 1991)


Encores 1

Voyage( Eldorado – 2007)
Campari soda (Louanges – 1999)
Rendez-vous (Eldorado – 2007)


Encores 2

Moon River (With Guest Finn – Cover A. Hepburn)




La durée du concert : 1h52


AFFICHE / PROMO / FLYER








































Stephane Eicher "Confettis"


mercredi 31 octobre 2007

STEPHAN EICHER & BAND ~ L'Olympia. Paris.












Première partie : Finn


Ce qu’en a pensé ViK :

« 20 mai 1986… une date qui fait partie de mes souvenirs… le titre Two people in a room devenu un tube, Stephan Eicher remplit l'Olympia d’un public en délire… l’explosion aura lieu en 1991 et pour nom « Engelberg »… Puis les années passent, et les albums, mais le talent est toujours là… et même si depuis 5 ans, Stephan n'est plus au centre de l'actualité, il reste, avec sa voix et son style particuliers, d'une rare efficacité en concert. Il a pris du recul et revient plus discrètement, pour ce 20ème anniversaire, avec un nouvel album rayonnant "Eldorado" (son 14ème), et onze perles plutôt intimistes avec des sonorités musicales plus acoustiques, plus calmes (un retour aux sources pour certains... ce qui n'empêche pas les fans, moi inclus, de s'y retrouver). 

Arrivé vers 19h10, il fait déjà nuit, les feuilles se colorent, tombent et craquent sous mes pieds, les lettres en haut de l’entrée de la salle illuminent le boulevard des Capucines… pas de queue, les places étant numérotées, je rentre juste à l’heure. Installation en mezzanine et largement le temps d’observer... La plus grande partie du public est arrivée longtemps après l'ouverture des portes. Côté people, à quelques mètres de moi, entre autres, Marc-Olivier Fogiel, Antoine de Caunes et bien entendu l'écrivain Philippe Djian (37,2° le matin,…) qui signe la plupart de textes, beaux à pleurer, de Stephan. Ce soir, première date, c’est complet ! Le public, composé en grande majorité de quadragénaires et plus, fans de la première heure, attend sagement. 

20h03 : Première partie, Finn, alias Patrick Zimmer, un jeune suisse qui vient d’Hambourg. Il ouvre le rideau timidement et, avec peu de lumière, chante en acoustique, puis en électrique, seul... le tout remixé, agrémenté par la projection d’ombres d’oiseaux, et rendu « festif » par deux ballons qui flottent au-dessus d’un public attentif et charmé. Sa voix est très belle, haute et légère comme celle d’une femme, posée sur des mélodies magnifiques. Il semble content… « Paris, non, rien de rien, je ne regrette rien !!! Un peu monotone quand même, mais la durée du set (25mns) aide. Une voix off annonce 20 minutes d’entracte. La foule commence à s'agiter… on applaudit.

21h06 : Obscurité totale, la salle frémit et enfin le rideau rouge s’ouvre. Visuellement, je m’attendais à un Eldorado paradisiaque, avec quelques cactus... mais c’est dans un studio de photographe, en noir et blanc, quelques draps blancs tendus vers le fond, des ombrelles noires et dorées et des lampes réflecteurs qui se feront lune ou soleil au fil des chansons, que m’invite Stephan. Ambiance style « Blow Up » d’Antonioni, avec des ombres sur écran blanc du plus bel effet. Sur une scène bien pleine, un piano, deux batteries (?), des synthés, vibraphone, tuba, trompette et percussions diverses, trois guitares, ukulélé, mandoline, banjo, une basse, et au milieu une guitare électro-acoustique et électrique, le tout connecté à un ordinateur portable Mac Powerbook, pour mixer et triturer le son en numérique, un support pour guitares et un tabouret.

Sous une pluie d'applaudissements, Stephan Eicher, décontracté et souriant, avec sa petite moustache à la Willy Deville, sobrement habillé d’une veste, gilet, pantalon noir avec une chemise blanche, comme sa guitare, entre en scène. Dans la chaleur des applaudissements, après un sourire et un merci, il prend place sur le tabouret, pianote sur son clavier, un petit clic de souris, attrape sa guitare Yamaha acoustique blanche, et nous embarque après un "Bonsoir" pour une superbe version de Two people in a room, dépouillée de tous ses artifices : chanson new wave écrite pour synthétiseurs, dans une version folk qui en fait ressortir toute la tristesse, et qui me ramène 20 ans en arrière. A la première note, la voix, d'abord, ce putain de grain de voix absolument inimitable et définitivement classieux. On sent déjà le travail d’un véritable artisan. Il prend plaisir à jouer, cela se voit, l'émotion et la magie sont au rendez vous ! Tout est parfait. Enchaînement avec la magnifique et ancienne Pas d'ami comme toi, avec la part belle au phrasé si particulier et à la voix feutrée, parfois murmurante, de Stephan. Le public lui sert de choristes : "oh non non non, pas d’autre ami comme toi". Sur cette scène, dans un halo de lumière provenant d'un spot à l’arrière, encadré de trois blocs de spots bleus, c'est touchant, beau ! "Merci beaucoup… j’ai envie encore de faire une dernière ancienne avant que j’attaque un nouvelle. Si vous dites Déjeuner en paix je me casse tout de suite… ok je choisis moi, oh là ! Vous êtes mal organisés ce soir..." Quelques notes détournées d’un Venez danser... (« Une dernière fois, Prenez ma main, Prenez mon bras, Venez danser, Encore une fois, Souvenez-vous, Souvenez-moi, Accordez-moi… ») superbement retravaillé : Stephan joue avec sa "boite à musique" (iMac d'Apple) avec laquelle il enregistre de petits morceaux de sons (voix, instruments, applaudissements du public...) qu’il ajoute ensuite au fur et à mesure du déroulé de la chanson : c'est absolument génial ! La salle, décidément très en forme, scande et trépigne.

Après ce petit tour de chauffe ("Merci beaucoup, merci une nouvelle chanson si ca vous va")… « Que faut-il qu'on casse, Faut-il qu'on fasse, Quel numéro ? Que faut-il qu'on classe… » et toujours seul à sa guitare Yamaha, Stephan entame un profond, long et puissant Eldorado, le titre-phare de son dernier album, douce petite bombe tant attendue, à l’intonation folk, avec des chœurs somptueux. Reyn, arrangeur hollandais et homme à tout faire, arrive doucement devant ses claviers (sa basse, sa batterie, etc…) et crée des loops enregistrées successivement, permettant à la chanson de se terminer d’une façon lancinante, sur une longue vague sans fin, plaine d’écumes celtiques. Le ton est donné et le concert décharge une adrénaline en ombres chinoises sur l’écran de fond de scène. La force de ce début est à la fois sonore et visuelle. Sonore car tant Stephan que Reyn se servent de leur pédale enregistreuse, génératrice de boucles, pour créer un véritable orchestre. Stephan a tombé sa veste mais enfile son Manteau de Gloire, aux arrangements cuivrés et chatoyants... suivi de près par son ami, déjà sur la tournée Taxi Europa, Toby Dammit (batteur, percussions, instruments bizarres et variés…) et du groupe Calexico, Martin Wenk (trompette, guitare, percussions, ukulélé …). Poli, Stephan remercie encore, il sourit et avec son accent suisse entame un échange énigmatique avec la salle "La prochaine chanson c’est un œuvre très très large, au moins 28 musiciens qui doivent arriver sur place… non ils ne sont pas là ? La crise c’est ça ! Qu’est-ce qu’on fait ? On fait tous seuls, non ? Okay ? Ca prend un moment parce qu’on va faire tous les instruments nous. D’accord ? Reposez-vous et on commence avec le tuba, maestro"…le public attentif et un peu trop sage, rigole... suit la surprise, l’un de ses tubes, (« …S'git lüt die würde alletwäge nie, es Lied vorsinge so win j itz hiä… ») un Hemmige festif chanté en dialecte bernois, avec un Martin qui fait un travaille admirable au tuba et s’éclate en trompettiste mariachi.

On verra les musiciens, durant le reste du concert, passer d'un instrument à l'autre en traversant la scène en courant, sautant par-dessus des câbles, comme dans un jeu (surtout quand le batteur court d’une batterie à une autre). Les morceaux sont réarrangés, réorchestrés... étonnants... détonnants même. C'est réussi. Stephan, concentré, se détend en douceur avec "Quelque chose qu’on a répété"… I tell this night, acoustique et au clavier délicat, pas de débauche de spots, mais du raffinement. Le public écoute, attentif, marquant toujours un temps avant d'applaudir chaleureusement. Sur scène, c'est un Stephan en grande forme, taquin avec un public tout acquis à sa cause. Suit Tu ne me dois rien, presque jubilatoire... et après Stephan se met à parler un peu "La prochaine chanson est une chanson de haine et s’il y a des enfants, dans le 2ème couplet à la fin, il faut leur fermer les oreilles. D’accord ?"… « Il est tout a fait impensable, Il est tout a fait hors de question, Que tu viennes t'assoir à ma table, Que tu me fasses la conversation… » c'est Confettis, le 2ème Single. Une magnifique chanson qui brûle les lèvres, entraînante et rythmée... comme ce Combien de temps lancé à fond dans un pur moment rock'n'roll électrique, avec des éclairages violemment stroboscopiques et un son qui commence à devenir très fort. C'est surprenant et excellent. Toby, le batteur, est aussi là pour servir le spectacle : il court d'une batterie à l'autre (chacune d'un côté de la scène), pour jouer le morceau... c'est le genre de truc qui enflamme une salle, ça. La foule se laisse porter dans la vague, il y a des flôts d'applaudissements et de cris à la fin. Les effets sont basés essentiellement sur des jeux d'ombres chinoises, des reflets de couleurs et des lumières indirectes, produites par les « parapluies » de photographe.

I cry at commercials : Reyn au piano ramène un peu de calme, la voix de Stephan en anglais est profonde, apaisante et débordante de romantisme, la musique est douce, jazzy (genre piano/trompette bar), avec Martin, trompettiste hors pair et Toby aux balais sur sa batterie. Une merveille. Voilà Weiss Nid Was Es Isch, en allemand, l’une de mes chansons préférées sur "Eldorado", avec le piano de Reyn, et un petit harmonica, celui de Stephan, si pudique qu'il en est presque déchirant. Toujours déclencheur de claquements de mains On nous a donné, très enlevé avec cette désormais fameuse boucle, où Stephan place sa guitare devant son visage et chante à travers le micro de la gratte, comme s’il voulait en jouer avec les dents. Mais surprise : lorsque ses mains ont quitté les cordes, le riff a continué !

"On a oublié quelque chose ? Si vous voulez Déjeuner en paix je me casse "... un échange humoristique avec la salle. Une intro de carillon, une guitare, le texte magnifique de Philippe Djian et voilà Rivière, qui trouve un accueil quasi religieux dans un silence recueilli. Le temps s'est arrêté... mais le spectacle se poursuit, sous des éclairages lumineux ou tamisés et invariablement superbes. Avec un sourire malicieux, Stephan regarde son public : "Merci, d’accord alors je le fais"... Inévitablement, il fallait quand même finir par… « J'abandonne sur une chaise le journal du matin, Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent… » : Déjeuner en paix déboule dans une version accélérée, méconnaissable, loin de l’originale, une relecture hardcore secoué au shaker, du rock très dur, passé aux guitares saturées, à deux batteries d'enfer, et aux stroboscopes (... le ras l’bol de faire la même chanson chaque soir... !).

Fin tout à fait provisoire puisque les applaudissements crépitent. Stephan revient avec d’abord un "Merci beaucoup", un sourire, un regard, le temps qu’on réaccorde la guitare acoustique. Et puis, en douceur, une mélodie qui charme encore... Voyage (« …Sans hésiter, Sans un regard, Sans une parole, Sans rien laisser prévoir… »), une jolie ballade et un superbe texte de Djian. Un joli loop numérique sur Je suis une poussière. La salle crépite. Enfin il annonce qu'il faut filer... "On vous amène encore une fois dans le sud"… Rendez-vous, le 1er Single, l’actuel tube, très attendu qui commence à marquer les esprits, on dirait une musique de western mexicain, écrit par Raphael, très enlevé, plus mariachi que jamais, avec Toby coiffé d'un immense et scintillant sombrero ! Très Calexico, avec ce son de trompette, tout le monde est debout… « J'avais dormi quelque part, Une nuit où tu n'étais pas là, J'avais bien bu je crois, Et j'avais le ciel en moi… ». Flamboyant sous le soleil brûlant des projecteurs qui éclairent la salle, avec le public en pleine standing ovation, qui fait un triomphe à Stephan. Un coup de chapeau aux musiciens multi instrumentistes. Stephan, apparemment satisfait de cette fin, jette un baiser vers l'horizon de la salle qui le reçoit bien…"Rentrez bien !". Il quitte la scène, les applaudissements réclament pour un éventuel rappel. Seconde et longue standing ovation…

« Un autre, un autre » et, divine surprise, ça marche : Stephan revient, joyeux, avec ses musiciens. Comme à son habitude, il s’amuse et met tout le monde à l’aise avec cet humour dont il a le secret "Merci beaucoup. Il y a un jeune écrivain de chansons que je soutiens ce soir, c’est sa première composition, une chanson qui s’appelle Pas déplu, et c’est écrit par Philippe Djian. Si je me trompe dans le texte, il va être dans la salle.". Un véritable bijou qu’on a rarement la chance d’écouter en live. Les « Merci » fusent de partout, Stephan y répond, l’air étonné et ravi de cette manifestation démonstrative, touché par cette vague d’émotion qui déferle d'un public. Il s’approche tout au bord de la scène, remercie, souriant, prend un bouquet de fleurs qu’une jeune femme lui tend, présente de nouveau ses musiciens, un dernier signe de la main et il s’en va. C’est fini. La foule se dirige lentement vers les sorties.

Ce soir, on a bénéficié d’une vraie intimité avec Stephan… et ses trois musiciens, avec des guitares plus acoustiques plus qu’électriques, avec des cuivres, des percussions… avec beaucoup de spontanéité… avec des versions allégées et remaniées, servies par un son d’excellente qualité… presque comme pour un concert privé. Merci Stephan et à demain soir !!! Je sors de l'Olympia, c’est toujours la nuit, il ne fait pas froid mais l’automne est bien là, alors il faut bien se rendre à l'évidence, l'Eldorado c’est loin, ça ne se visite pas, ça reste un rêve... mais on le ressent. » 


« Est-ce que tu te souviens
De notre rendez-vous,
De notre rendez-vous ? »






photos de 


Finn, incarné par le seul Patrick Zimmer, a été repéré par la presse allemande grâce à un premier album (Expose Yourself To Lower Education) et un maxi (Expose Yourself To Disco Education).

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Stephan Eicher est un artiste au croisement d'origines tsiganes et suisses allemandes essentiellement connu en tant qu'auteur, chanteur et compositeur. Plus à l'aise avec les instruments de musique et les ordinateurs qu'avec les gens, c'est paradoxalement accompagné qu'il fait ses premiers pas sur scène. La chanson 'Combien de temps', en 1987, s'impose comme le premier classique de son répertoire. Fruits de sa collaboration avec l'écrivain Philippe Djian, la consécration vient en 1991 avec l'album 'Engelberg' et les singles 'Déjeuner en paix' ou 'Pas d'amis comme toi'. Si les tournées attirent toujours, les albums suivants passent un peu inaperçus. Malgré sa popularité et un public fidèle et divers, Stephan Eicher reste assez peu médiatisé, en retrait du show bizz, relativement discret. En 2007, il signe son nouvel album 'Eldorado'.

(http://www.myspace.com/stephaneicher)
(http://suisse.myspace.com/laaal)
(http://www.stephaneicher.com/)
(http://fr-fr.facebook.com/pages/Stephan-Eicher/40048282480?v=info)


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1980 : Spielt Noise Boys
1982 : Souvenir
1983 : Les Chansons bleues
1984 : Les Filles de Limmatquai
1985 : I Tell This Night
1987 : Silence
1989 : My Place
1991 : Engelberg
1993 : Carcassonne
1994 : Non ci badar, guarda e passa (Live + vidéocassette "Guarda e passa")
1996 : 1000 vies
1999 : Louanges
2001 : Hotel's (Compilation)
2002 : Monsieur N. - Bande originale du film d'Antoine de Caunes
2003 : Taxi Europa
2004 : Tour Taxi Europa (Live)
2007 : Eldorado





Stephan Eicher (Vocal, guitar)
Reyn (Piano, bass, keyboard, drums)
Toby Dammit (Drums, Percussions, Vibes, backing vocals)
Martin Wenk (From
Calexico)
(trompet, guitar, ukulélé, mandolin, vibraphon, bass, drums, programming, Rhodes, backing vocal)






Two people in a room (I tell this night – 1985)
Pas d'ami (comme toi) (Engelberg – 1991)
Venez danser (Eldorado – 2007)
Eldorado (Eldorado – 2007)
Manteau de Gloire (Carcassone – 1993)
Hemmige (Engelberg – 1991)
I tell this night (I tell this night – 1985)
Tu ne me dois rien (Engelberg – 1991)
Confettis (Eldorado – 2007)
Combien de temps
(Silence – 1990)
(I cry at) Commercials (Eldorado – 2007)
Weiss Nid Was Es Isch (Eldorado – 2007)
On nous a donné (Taxi Europa – 2003)
Riviere (Carcassone – 1993)
Déjeuner en paix (Engelberg – 1991)

Encores 1
Voyage( Eldorado – 2007)
Rendez-vous (Eldorado – 2007)

Encores 2
Pas déplu (Eldorado – 2007)
La durée du concert : 1h37


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Stephan Eicher: Rendez-vous