Première Partie: Bap Kennedy


J’arrive vers 19 heures 30 devant l’immense salle, je traine quelque peu du fait de ma place numérotée, en me laissant tenter par le programme, puis je présente mon billet à la porte d’entrée « G » pour finalement accéder, guidé par une ouvreuse, à ma place réservée : côté gradins, avec une vue plongeante sur la scène et l’avantage d’une position imprenable pour une bonne qualité d’écoute… J’observe, avec émerveillement, la salle presque bondée de gens d’une bonne cinquantaine d’années. Devant moi, la scène nue, et une exposition d’une grande sobrieté : une grande toile noire pour le fond de la scène, deux poutres metalliques chargées de spots, un mystérieux cercle suspendu au-dessus des six coins de la scène réservée aux musiciens. Un grand nombre de guitares, y compris la légendaire Fender Strat rouge et un dobro brillant, un Hammond, une contrebasse, un violin et une batterie. Pas de pub, pas d’écrans vidéo, juste une guitare de couleur sur scène.
20h00 : les lumières s’éteignent, et une voix off annonce en première partie Bap Kennedy, duo hollandais de blues-folk, avec un guitariste / chanteur irlandais, avec une Avalon série acoustique, accompagné d’un autre guitariste. Ils prennent possession de la scène. Ce n’est pas mal, je dois admettre, ça se laisse écouter, c’est du folk / country, sympa (…mais sans plus !), pendant 5 chansons acoustiques pas vraiment envoûtantes quand même, extraites de l’album « The Big Picture »… Mais bien évidemment, le public attend MK avec plus ou moins d’impatience : ce set de 25 minutes sera noyé dans l’indifférence.
Les lumières se rallument, et on regarde, bien rangée sur un côté de la scène, la collection des guitares mythiques, avec au milieu, la Fender Strat rouge qui trône. L’excitation ambiante est perceptible… Le POP est à présent complet, beaucoup de gens étant arrivés pendant la première partie. Soudain, un mouvement de bras, c’est le commencement d’une Ola, initiée sur un côté de la fosse et sans fin jusqu’aux gradins. Jeux de lumières sur la scène, petite tension dans l’air.



Mark décide soudainement de surfer sur cette onde d’enthousiasme, c’est l’intro de Sultans Of Swing… « You get a shiver in the dark, It’s been raining in the park but meantime, South of the river you stop and you hold everything, A band is blowing dixie double four time, You feel all right when you hear that music ring… », une mélodie ciselée, avec un jeu de guitare si particulier, simple, joué en quatuor, comme aux débuts : à ce moment le public est hors de lui, le POP explose comme une bombe atomique, le bruit s'éleve jusqu’à un grondement assourdissant, tout le monde est debout et chante ce morceau, attendu comme un éveniment. Le toucher de Mark Knopfler, son pouce qui remplace le mediator, sa technique exceptionnelle (une technique ancestrale venue du luth médiéval), cette facon de jouer de la guitare electrique avec ses doigts, les notes qui vibrent et le son unique de sa guitare rouge, c’est l’émerveillement total… comme la première fois en 1977, au milieu de la tourmente punk. Ce titre qui a forgé la légende, on l’écoute de nouveau, toujours avec le même plaisir. Le solo de cette chanson, veritable hymne à la guitare à lui seul, ouvre les portes du paradis... il éclate et explose comme un feu d’artifice dans le ciel de Bercy. Mark soulève sa Stratocaster sur la dernière note comme un drapeau. Il sait à ce moment, qu’il a gagné, qu’il a étonné tout le monde encore une fois. Il se fait plaisir. Longue ovation d’un minute… Quand on assiste à un concert de Mark Knopfler, taper des mains de toutes ses forces devient simplement tout naturel : c’est le cas ce soir. Un grand « Thank you very much », et l’occasion pour reprendre son soufle en présentant sa bande de copains musiciens, avec un mot gentil pour chacun.

Et c’est alors que, Mark avec son dobro montre le bout de l’intro de Telegraph Road (« Love Over Gold », de 1982), mon morceau historique, culte, avec toujours le même style épique… « Telegraph sang a song about the world outside, Telegraph road got so deep and so wide, Like a rolling river »… la voix est chaude, rauque et veloutée comme je l’aime… mon plaisir est devant moi. Extase dans un vortex impressionnant. Un grand frisson est dans l’air, et secoue les milliers de spectateurs, éblouis par notre héros, savourant chaque note. Sûrement le morceau le plus entraînant de la soirée, capable de charmer le spectateur le plus réticent. Magistrale exécution, dans une version absolument intégrale de 14 minutes, un morceau de bravoure, une pierre capitale de l’histoire de la musique… qui marque la fin du set avant les rappels.
Le groupe s’éclipse, mais après une nouvelle et longue ovation, ils reviennent et, alors que les lumières de la scène sont encore éteintes, on entend les premières notes de Brothers in Arms (dont on fête justement cette année le 23ème anniversaire), qui glissent, lascives, sur nos têtes, et marquent nos esprits. La guitare qui sonne tout en douceur sur l’orgue Hammond (Guy est aux commandes), ça donne un côté poignant. Les projecteurs balaient sans cesse les spectateurs d’une lumière crue, comme pour les tirer de leur délire ou de leur rêve. Mark, immobile face au micro, enchaîne tout de suite après le solo final avec Our shangri-la, jouée lentement, avec un mélange subtil et harmonieux de parties de piano, comme pour hypnotiser totalement - et bercer aussi… - la salle de sa voix profonde et pleine. On est touché au plus profond de ses sentiments, on est sur un nuage, et on redescend sur terre seulement pour applaudir. La chanson s’achève comme une caresse, sur de longs applaudissements et des cris de bonheur. Un court moment de concertation des mucisiens, et voilà So Far Away, pendant lequel les projecteurs illuminent le public, qui maintenant est debout pour chanter le refrain et applaudir avec gratitude un Mark Knopfler qui lui a permis de retrouver cette émotion unique, qui fait venir les larmes aux yeux.
Puis, pour achever cette soirée sur une surprise, ce sont les notes instrumentales de sa légendaire "National style O", datant de 1937, c’est le superbe Going home, le thème de « Local Hero », entendu une multitude de fois : une facon fort agréable de terminer cette soirée et de se dire au revoir sur un son limpide de guitare. Mark hisse, encore une fois sa guitare comme un drapeau pour saluer le public et Paris. Les musiciens saluent aussi, et on arrête là. La standing ovation continue et le public des gradins tape du pied. Voilà, le concert est terminé, et je suis encore sous le charme de ce son de guitare unique, de ce talent inimitable, qui résonne dans mes oreilles.
Un concert globalement positif avec une musique de qualité et comme d’habitude un grand MARK, hélas toujours prisonnier de son passé. Les rythmes, pendant ce concert, ont oscillé entre country et folk, un peu trop calmes peut-être (il n’y a pas eu de rock énergique) : on a entendu des sonorités irlandaises, une bonne musique d'ambiance, et on a vu un public conquis par des morceaux différents de leurs versions originales, et riches en improvisations. De belles vagues de souvenirs donc, malgré l’absence de Money for nothing. La preuve que rien n’est jamais fini tant que les riffs de guitares (Tele, LP 58, National, Martin, Pensa-Suhr, …) sont encore vivants : ce soir, le POP était complet sur le seul nom de Mark, et a été dominé par les couleurs d’une Fender rouge magique. Pour le moment, le leader de Dire Straits, tout au plaisir de sa carrière solo, résiste aux pressions quant à une éventuelle reformation… mais pour combien de temps ? La demande et la quantité d’argent offerte augmentent chaque jour ! Je laisse le POP Bercy heureux : ce soir, Mark a ressuscité une nouvelle fois la légende... »
“And the birds up on the wires and the telegraph poles / They can always fly away from this rain and this cold / You can hear them singing out their telegraph code / All the way down the telegraph road…”


Mark Knopfler est un auteur, compositeur, guitariste et chanteur britannique, de Glasgow, aujourd’hui une référence mondiale en tant que guitariste et artiste à part entière. Fondateur en 1977, avec son frère David, du groupe mythique Dire Straits, qui fut à l’origine de tubes et albums désormais cultes comme Sultans Of Swing, Love Over Gold, Alchemy et, surtout, Brothers In Arms. En 1991, le groupe se dissout et l’artiste se lance dans une carrière solo. Ses mélodies sont particulièrement fines et adaptées à son style de guitare très aérien, un style blues-country-rock mêlant le phrasé de Bob Dylan à l’élégante décontraction de J.J. Cale. Influencé notamment par J.J. Cale et Chet Atkins, Hank Marvin des Shadows. Après huit albums solos, huit bandes originales de film et de nombreuses collaborations, le guitar-hero sort en septembre 2007 son dernier opus Kill to get Crimson.
Solo
Missing...Presumed Having a Good Time (The Notting Hillbillies)
Neck and Neck (en duo avec Chet Atkins - 1990)
Golden Heart (1996)
Sailing to Philadelphia (2000)
The Ragpicker's Dream (2002)
Shangri-La (septembre 2004)
One Take Radio Sessions (album live - juin 2005)
The Trawlerman's Song EP (UK - 2005)
Private Investigations - The Best of Mark Knopfler & Dire Straits (2005)
Kill To Get Crimson (septembre 2007)
Missing...Presumed Having a Good Time (The Notting Hillbillies)
Neck and Neck (en duo avec Chet Atkins - 1990)
Golden Heart (1996)
Sailing to Philadelphia (2000)
The Ragpicker's Dream (2002)
Shangri-La (septembre 2004)
One Take Radio Sessions (album live - juin 2005)
The Trawlerman's Song EP (UK - 2005)
Private Investigations - The Best of Mark Knopfler & Dire Straits (2005)
Kill To Get Crimson (septembre 2007)
With Emmylou Harris
All the Roadrunning - 2006
Real live Roadrunning - 2006
Real live Roadrunning - 2006
With Dire Straits
1978 : Dire Straits (Vertigo Records)
1979 : Communiqué (Vertigo Records)
1980 : Making Movies (Vertigo Records)
1982 : Love over Gold (Vertigo Records)
1983 : ExtendedancEPlay (EP) (Vertigo Records)
1985 : Brothers in Arms (Vertigo Records)
1991 : On Every Street (Vertigo Records)
Live
1984 : Alchemy (Vertigo Records)
1993 : On the Night (Vertigo Records)
1995 : Live at the BBC (Vertigo Records)
Compilations
1988 : Money for Nothing
1998 : Sultans of Swing: The Very Best of Dire Straits
2005 : Private Investigations - The Best of Mark Knopfler & Dire Straits
1979 : Communiqué (Vertigo Records)
1980 : Making Movies (Vertigo Records)
1982 : Love over Gold (Vertigo Records)
1983 : ExtendedancEPlay (EP) (Vertigo Records)
1985 : Brothers in Arms (Vertigo Records)
1991 : On Every Street (Vertigo Records)
Live
1984 : Alchemy (Vertigo Records)
1993 : On the Night (Vertigo Records)
1995 : Live at the BBC (Vertigo Records)
Compilations
1988 : Money for Nothing
1998 : Sultans of Swing: The Very Best of Dire Straits
2005 : Private Investigations - The Best of Mark Knopfler & Dire Straits
Mark Knopfler - Vocals & Guitar
with
Richard Bennett - Guitar
Danny Cummings - Drums
Guy Fletcher - Guitar & Keyboard (Ex- Dire Straits)
Matt Rollings - Keyboard
John McCusker - Sittern / Fiddle
Glenn Worf - Bass
with
Richard Bennett - Guitar
Danny Cummings - Drums
Guy Fletcher - Guitar & Keyboard (Ex- Dire Straits)
Matt Rollings - Keyboard
John McCusker - Sittern / Fiddle
Glenn Worf - Bass
La Setlist du Concert
MARK KNOPFLERCannibals (Golden Hearts - 2001)
Why aye man (The Ragpicker's Dream - 2002)
What it is (Sailing To Philadelphia - 2000)
Sailing to Philadelphia (Sailing To Philadelphia - 2000)
True love will never fade (Kill to Get Crimson - 2007)
The fish and the bird (Kill to Get Crimson - 2007)
Hill farmer's blues (The Ragpicker's Dream - 2002)
Romeo & Juliet (Dire Straits - Making Movies - 1981)
Sultans of swing (Dire Straits - 1978)
Marbletown (The Ragpicker's Dream - 2002)
Daddy's gone to knoxville (The Ragpicker's Dream - 2002)
Postcards from Paraguay (Shangri-la - 2004)
Speedway at Nazareth (Sailing To Philadelphia - 2000)
Telegraph road (Dire Straits - Love Over Gold - 1982)
Encores
Brothers in arms (Dire Straits - Brothers in Arms - 1985)
Our shangri-la (Shangri-la - 2004)
So far away (Golden Hearts - 2001)
Going home (Local Hero - 1990)