Blogger Template by Blogcrowds

mardi 29 avril 2008

NICK CAVE & THE BAD SEEDS ~ Le Casino de Paris. Paris.












Première Partie : The Lurid Yellow Mist



Ce qu’en a pensé Vik :

« Dig !!! Lazarus, Dig !!! Lazare, Creuse!... it’s vintage Cave ! Un pilier du rock post-seventies, après l’ère punk, l’Australien Nick Cave, passe à Paris, après le succès récent de son dernier album, le quatorzième, superbe et puissant (méritant quatre étoiles !), plein de chansons pop au passage, avec son groupe The Bad Seeds (Les Mauvaises Graines), remarquable formation à géométrie variable : c’est la garantie absolue d’un concert de qualité, et une affiche de rêve pour le Casino de Paris, la salle de Comédies Musicales… J’ai encore en tête les magnifiques souvenirs du dernier passage de Nick Cave à la Mutualité les 15 et 16 avril 2004, avec le grand Mercury Rev en ouverture, et accompagné par une section de choristes. C’est vraiment difficile de tomber sur un mauvais concert de Nick, c’est même impossible… même quand j’avais des doutes en 2003 après le départ du guitariste et compositeur de ses débuts (lourde perte quand même), Blixa Bargeld… Donc, impossible de rater ce concert, et les absents seront les grands perdants d’une soirée que j’annonce exceptionnelle et très rock. Avec ma casquette de fan, je suis sur place dès 17h00, c’est l’occasion d’être l’un des premiers devant l’entrée, car ce soir, c’est complet. Je peux ainsi échanger des impressions avec les mordus du Fan Club, connaissant parfaitement bien le répertoire de Nick Cave. Dès l’ouverture des portes de la salle vers 19h00, c’est la course habituelle, et je me place en plein centre, face à la barrière, pour bloquer et garder une place pour Eric, lui aussi passionné de Nick dès les premières années. Le public est très cool, mais tout le monde est réuni par le même enthousiasme.

19h30 : un groupe du nom de The Lurid Yellow Mist fait son apparition sur scène. Les premières notes retentissent, et, déjà, le set se relève d’une insignifiance totale, et d’un ennui mortel. C'est une catastrophe, et je ne vois pas l’intérêt d’en parler. La salle, pendant ce temps là, se remplit doucement... cette musique n’attire pas les foules...

20h50 : les lumières s’éteignent alors que le public manifeste sa joie, et Nick Cave and The Bad Seeds (en total sept musiciens, dont deux batteurs !) se présentent sur la scène, encadrée d’une multitude d’ampoules de lumière jaunes, et avec sur le fond, en loop, le titre du dernier album "Dig!!! Lazarus, Dig!!!", qui défile comme une pub. Nick arrive en dernier en courant, survolté, et explose littéralement sur scène, avec une puissante version de l’acide Night Of The Lotus Eaters : un riff de blues, une guitare stridente, c’est un extrait du dernier album, mais avec un son plus agressif et plus enveloppant. Le début est éblouissant, c’est un crescendo hypnotique, aussitôt accueilli par une ovation. On n’a pas le temps de reprendre nos esprits, la fosse est toute pour Nick, la fosse est prête à sauter sans relâche au rythme de Dig !!! Lazarus, Dig!!!... car c’est bien le single éponyme qui vient maintenant. Se trouver devant Nick Cave, dandy destroy et filiforme, pantalon rayé et veste noire, avec cette voix puissante et profonde, à peu de mètres de distance, dans cette splendide salle de théâtre, reste une émotion très forte : l’adrénaline commence à courir dans mes veines.

Le regard de Nick est troublant, profond, pénétrant, et son visage entouré de sa longue chevelure noire est désormais en partie caché par de grandes moustaches noires en fer à cheval. Une image de poète maudit qui lui colle à la peau ! Je me rends immédiatement compte que Nick en est dans une forme étonnante, pas seulement du point de vue physique (il a l’agilité d’un jeune kangourou), mais aussi vocalement : sa voix est imparable, reconnaissable entre mille grâce à son lourd accent qui colle à merveille avec son style de musique énervé, et qui insuffle de l’adrénaline dans chacune de ses chansons. Ah ! quel crooner…on passerait des heures, des jours, à l’écouter… il domine la scène avec un charisme rare, il saute de droite à gauche, il se révèle de bonne humeur, il est drôle, il parle avec le public, il trébuche sur le fil du microphone, il s’amuse avec le tambourin : bref, il ne donne pas l’impression d’être une rock star comme les autres.

Dès la fin du morceau, une jeune femme brune, à côté de moi, trépignant de passion, attirée irrésistiblement par le dandy, hurle en déclaration son amour, comme une groupie, « I Love You ! », Nick se tourne vers elle, un doigt pointé vers la foule et lui répond avec sa voix impeccable et grave « I Love You Too ! ». Surexcitée le fan continue « I Love You More ! » pour obtenir une réponse définitive, avec un sourire « Yes... That's Probably True ! ». Joli échange des mots, entre une rock star et une groupie. A côté de Nick, à droite, il y a le fidèle Warren Ellis, longue barbe hirsute noire et blanche, cheveux en bataille, l’œil incendiaire, très proche d’un sosie de Raspoutine (d’après Eric…), sorcier chaman qui utilise des guitares à dimension réduites, de véritables jouets pour enfants, ainsi qu’une mandoline électrique à quatre cordes, et qui malmène sans arrêt un violon – véritable instrument du diable -, en en jouant comme une guitare, et faisant éclater dans l’air des sons impressionnants et des riffs hors de commun. Le bassiste Martyn Casey joue bien trop fort, et les deux batteurs percussionnistes (Jim et Thomas) sont en pleine éruption volcanique, pendant que Mick Harvey, multi instrumentiste, bras droit de Nick depuis... toujours, (avec la lourde tache de remplaçant de Blixa), impassible à gauche de la scène, assure discrètement entre guitare électrique, acoustique et piano. Il y a encore la maestria de Conway Savage, aux claviers, plus présent qu’à l’habitude. Et penser que Barry Adamson et Kid Congo Powers ont joué aussi au sein des Bad Seeds !

La soirée s'annonce lourde et sans temps morts. Du rock blues bien dévastateur comme on l’aime, avec un setlist qui alterne habilement huit titres du dernier album, plus saignant en version live, et d’anciennes chansons qui s’intègrent à la perfection. Une partie du public est statique, un peu passif, pensant peut-être que le concert se déroulerait comme un Greatest Hits : grosse erreur pour des connaisseurs, car Nick n’est pas un nostalgique qui préfère vivre uniquement des chefs-d'œuvre du passé. Ce soir, on a un son massif, énorme, et rare pour le Casino, et un mixage qui frôle la perfection. Sous les feux de dizaines de projecteurs, et avec quelques images projetées sur la toile du fond, tout concourt à l’excellence de ce concert. Nick arpente la scène, plein de rage : il dégage de bonnes vibrations, il attrape parfois une Fender Telecaster pour jouer de la guitare, il évoque le personnage d’un prédicateur, il a un air de Cabaleros, il est en transe, on le dirait sorti d’un film de Sam Peckinpah. Il ne chante pas seulement ses chansons, il les vit avec un degré d'intensité rare, même s’il rit et plaisante entre les morceaux. Le concert est une succession d'émotions, jusqu'à l'explosion de joie lors du monumental et envoûtant Tupelo, datant de 1985, et hommage rendu à la ville natale d’Elvis… à vrai dire une version un peu infernale avec une basse sourde, lancinante, et une ligne d'orgue prenante. Les chansons s’enchaînent, avec Today's Lesson, et l’énergie du nouvel album est toujours aussi palpable. Nobody's Baby Now, Red Right Hand, la poussière magique de Deanna et The Ship Song avec une exécution splendide de Nick au piano pour l’intro, gagnent aussi une nouvelle jeunesse. C’est avec un peu d’étonnement qu’on enregistre dans sa mémoire ce souvenir, qu’on pourra ressortir un jour pour le raconter lors d’une soirée nostalgie.

Première grande claque avec We Call Upon The Author To Explain, mon morceau préféré du dernier album, en pleine apocalypse rock, nerveux, magistralement joué par les Mauvaises Graines, avec un Ellis complètement exalté par le rythme de la chanson… « Prolix ! Prolix ! Nothing a pair of scissors can't fix ! ...I say : Prolix ! Prolix ! Something a pair of scissors can fix, Bukowski was a jerk ! Berryman was best ! »... Le temps passe, mais la nuit est encore longue : une déchirante version de Get Ready For Love, du grand art avec trois guitares saturées, suivie de Papa Won't Leave You Henry, classique inoubliable, avec un grand Mick à la guitare. L'enthousiasme du public tout entier ne se manifeste vraiment qu'à partir du premier rappel, avec le toujours poignant morceau Hard on for love de « Your Funeral, My Trial », somptueux, nostalgique et très mélancolique, avec un Ellis torturé, jouant de son violon avec un archet, avec une vraie perfection dans son style. Un deuxième rappel suit : Nick est déchaîné, il est trempé jusqu'à l'os, il va charmer son public exalté dans un final écrasant… Il crie « Are you ready ? », crache, saute et enfin étend les bras pour nous raconter les crimes et les meurtres de Stagger Lee, dans une version métallique et épique, devenue un véritable cheval de bataille en live... « It was back in '32 when times were hard, He had a Colt .45 and a deck of cards, Stagger Lee »... Je reste sans voix, les yeux plein d’émotion et mes oreilles explosent : c’est une performance mémorable, le retour furieux d’un chef-d'œuvre d’hier, qui clôt la soirée en apothéose.

Je voudrais que cette magie puisse continuer avec d’autres chansons (ma liste est longue), mais c’est vraiment la fin du concert. Ce soir, Nick m’a fait rentrer dans son univers de mystère, avec ces atmosphères tristes et violentes à la fois, agrémentée par des textes d’une beauté extrême, et avec The Bad Seeds au top tels qu'on les aime. Je suis heureux de pouvoir dire que j’ai assisté à l’un des concerts de l'année à Paris, mais je dois accepter de ne pas avoir été le seul à le vivre et à en jouir. Je reste pétrifié quelques secondes comme un lapin effrayé, immobile, le regard braqué vers la scène en train de se vider. Je range les souvenirs de la soirée dans ma mémoire, puis je sors de la salle en me disant que tous les mots sur cette soirée seront superflus : ce concert, que je classe parmi les soirées « mythiques », relève de domaine purement sensoriel. Essayer de l’expliquer d’un point de vue rationnel se révèle un effort dépourvu d'intérêt. Une seule chose à ajouter et je le pense vraiment : « Nick Cave en concert mérite le détour ! A voir impérativement sur scène »…

« On the night of the lotus eaters, Now hit the streets ! Now hit the streets ! »







Nicholas Edward Cave, connu sous le nom de Nick Cave, né à Warracknabeal (Australie), est un artiste pluridisciplinaire australien : ayant acquis sa notoriété en tant que chanteur, auteur et compositeur du groupe Nick Cave and the Bad Seeds. Nick Cave and The Bad Seeds a été fondé en 1984 par deux ex-membres du groupe australien The Birthday Party que sont Nick Cave et Mick Harvey. Formation à géométrie variable, Nick Cave and the bad seeds a sorti son premier album en 1984, intitulé "From Her To Eternity". Le groupe permet a Nick Cave d'explorer toutes ses obsessions: l'Amerique et ses racines musicales, la violence, l'amour, la mort.

La musique est un melange de blues, rock, punk et gospel, le tout dans des ambiances survoltees, la noirceur et la tristesse. . Il réside actuellement au Royaume-Uni. Nick Cave s'entoure de mauvaises graines qui partagent sa quête de l'éveil spirituel. Personnage atypique et charismatique, Nick Cave s'est imposé comme un des tout grands de la scène rock internationale. Son style, caractérisé par la noirceur et la poésie des textes, la richesse des personnages inventés, les touches de dérision et cette voix de crooner dépressif, reste tout bonnement inimitable. Dig, Lazarus, Dig! est le titre du quatorzième album (2008)...d'une puissance de feu phénoménale et hérissé de guitares teigneuses.

(http://www.nickcaveandthebadseeds.com/home)
(http://www.nick-cave.com/)
(http://www.myspace.com/nickcaveandthebadseeds)
( http://www.facebook.com/nickcaveandthebadseeds?v=info)

 From Her to Eternity (1984)
The Firstborn Is Dead (1985)
Kicking Against the Pricks (1986)
Your Funeral… My Trial (1986)
Tender Prey (1988)
The Good Son (1990)
Henry's Dream (1992)
Let Love In (1994)
Murder Ballads (1996)
The Boatman's Call (1997)
No More Shall We Part (2001)
Nocturama (2003)
Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus (2CD) (2004)
Dig, Lazarus, Dig!!! (2008)




Nick Cave – Voice / guitar / Keyboards
Mick Harvey – Guitar / Keyboards / Backing vocals
Thomas Wydler – Drums / Percussions
Martyn P. Casey - Bass
Conway Savage - Keyboards
Warren Ellis – Violin / Guitar
Jim Sclavunos – Drums / Percussions




La Setlist du Concert
NICK CAVE & THE BAD SEEDS




Night of the lotus eaters (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Dig, Lazarus, dig!!! (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Tupelo (The First Born is Dead - 1985)
Today's lesson (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Midnight Man (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Nobody's Baby now (Let Love In - 1994)
Red right hand (Let Love In - 1994)
Jesus of the moon (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
The ship song (The Good Son - 1990)
We call upon the author (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Lie down here (& Be my girl) (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)
Deanna (Tender Prey - 1988)
Get ready for love (Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus - 2004)
Papa won’t leave you, Henry (Henry's Dream - 1992)
More news from nowhere (Dig, Lazarus, Dig!!! - 2008)

Encores 1

The lyre of orpheus (Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus - 2004)
Far from me (The Boatman's Call - 1997)
Hard on for love (Your Funeral... My Trial - 1986)
Your funeral, my trial (Your Funeral... My Trial - 1986)

Encores 2

Stagger Lee (Murder Ballads - 1996)



La durée du concert : 1h49


AFFICHE / PROMO / FLYER





















jeudi 24 avril 2008

dEUS ~ Le Trabendo. Paris.













Première Partie : The Black Box Revelation



Ce qu’en a pensé Vik :

« La semaine commence bien !! Lundi, ciel couvert, mais livraison (par mon ami le postier, un fidèle lecteur du blog, et heureux…) du nouvel album de mon groupe favori (encore un autre, direz-vous…), the biggest Belgian band, dEUS: presque trois ans après « Pocket Revolution », voici « Vantage Point », cinquième album audacieux, fougueux et dansant, dont le concept musical s’est élargi comme dans un mouvement perpétuel… produit par Dave McKracken (Depeche Mode, Faithless) et enregistré dans le propre studio de dEUSà Anvers, dans les conditions du live, plus rythmé et rock que les précédents : je me l’écoute en boucle, voire avec un bon casque, car son effet est stupéfiant ! Une grosse poignée de bonnes chansons, qu’il faudra voir en live pour savoir si elles tiennent la route, pour pouvoir apporter un jugement complet… mais c’est encore et toujours du bon dEUS, groupe flamand qui s’est inséré d’autorité, en poussant les autres, dans le carré magique de l’histoire de la planète pop rock européenne (avec deux albums immenses, « In A Bar Under The Sea » (1996) et surtout le chef-d’œuvre « The Ideal Crash » (1999)), prouvant ainsi qu’un groupe belge, à la créativité en pleine effervescence, pouvait faire aussi bon que (à l’époque) « OK Computer », L'Album mélancolique ultime par excellence, d'une richesse musical incroyable. Le temps passant, beaucoup l'avaient prévu, et ils avaient raison : dEUS reste encore un grand groupe.

C’est un jeudi ordinaire, sous le ciel gris de Paris, avec le soleil qui joue à cache-cache avec les nuages, et un temps humide… et avec un concert en fin de soirée au Trabendo, complet depuis des semaines comme toutes les dates de cette mini-tournée. Difficile pour moi d'imaginer de louper cette tournée ! Le groupe belge est en France pour deux dates seulement (dont une Black Session), et il écume les petites salles pour se chauffer : c'est un évènement et tout le monde en parle... C'est donc avec plaisir (désolé, mais aujourd'hui c'est le fan qui parle : quatorze ans d’écoute, mon 15ème concert de dEUS !), et avec des fragments de chansons dans la tête, que je traverse Paris en métro - avec les couloirs qui affichent la sortie de l'album "Vantage Point" -, pour aller retrouver Tom et sa bande. En me dirigeant, sur le trottoir de pavés gris, vers le Trabendo, porte de Pantin (Parc de la Villette, après la Cité de la Musique, et tout à côté du Zénith), je me réjouis de retrouver dEUS en live à Paris, dans une salle pleine à craquer, avec un public tout acquis à leur cause... espérant ainsi pouvoir revivre le passé. La dernière fois que je les avais vus en concert, c’était il y a maintenant presque deux ans, à Paris Plage, pour leur tournée « Pocket Revolution » (le 20 Juillet 2006).

Enfin, sous un ciel complètement gris, j’arrive aux alentours de 18h00 face à la construction carré en métal peint rouge, avec passerelles alu, et je vois adossé à la barrière, face à l’entrée, une seule personne : mon ami Gilles B., présent pour partager ce moment de bonheur. The waiting is over. On parle de choses et d'autres, on rigole de choses futiles. Après avoir patienté plusieurs minutes au sein d'une file d’attente toujours inexistante (bizarre, pour ce concert du Trabendo censé être complet !), je vois sortir de la salle Tom Barman, le chanteur du groupe, avec son ami bassiste Alan Gevaert pour profiter d’une pause cigarette. Un sourire immédiat, car la première fois qu'on s'étaient croisés, c'était dans un café pour le concert du 2 février 1995, pour être précis, à l’Erotika, Paris, où l’on avait parlé de Radiohead et de Nick Cave. A ma phrase « Salut Tom, on est encore là ce soir, et tu peux commencer quand tu veux… », il répond avec un autre sourire « Merci, à tout à l'heure»... Je reçois à cet instant les premières gouttes de pluie qui viennent s'inviter... et puis commencent à tomber un peu plus fort. On s’abrite comme on peut, et Tom rentre rapidement dans la salle. Heureusement les lourdes portes ne tardent pas à s’ouvrir, et, après un rapide contrôle, on rentre les premiers. La salle du Trabendo est une très belle petite salle qu’on peut juger agréable car intime, exiguë mais chaleureuse, qui présente une configuration interne oblique avec des rideaux rouges en guise de fond, une mezzanine, différents niveaux et une scène à même le sol entourée d’une déco murale étrange. Le public est très divers, à l'image de l'affiche de la soirée, mais il y a beaucoup de fans. Gilles B se place immédiatement pile entre deux baffles de la scène, en face de la place de Klaas Janzoons , membre du line-up de la genèse, et y restera. Moi plein centre, quelques mètres en arrière au bord de la scène et au même niveau que les spectateurs des premiers rangs, pour profiter au maximum du son.

20h00 : dans une salle pas encore pleine, c’est la nouvelle sensation de la scène rock belge qui est chargé de la première partie, The Black Box Revelation. Ils arrivent en pleine lumière comme deux roadies, pour préparer eux-même leur matériel sur scène : on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même ! Ils paraissent assez jeunes. Un duo, une guitare Fender et une batterie, mais avec une dose d’énergie hors normes. On pense tout de suite aux White Stripes. Le jeu de batterie de Dries Van Dijck, qui frappe comme une dingue sur ses cymbales et ses caisses, est tout simplement énorme, et Jan Paternoster au chant et à la guitare blues / rock balance des riffs qui peuvent faire pâlir Ted Nugent. Blues Gravity, avec son jeu de guitare hypnotique, est une pure merveille. Le public parisien ne manifeste pourtant pas la chaleur souhaitée, car ce soir il est venu seulement pour dEUS : même un final explosif avec Jan qui monte les deux pieds sur la batterie ne réussit à le faire changer d’avis. Dommage ! 30 minutes pourtant d’un set plutôt bon ! Moi, j’ai bien aimé, et je décide d’acheter leur premier album. Bonne occasion en tout cas, pour les deux gamins survoltés, de faire découvrir leur musique. Les lumières se rallument et les choses sérieuses vont bientôt commencer. Les roadies, avec un changement plutôt rapide, débarrassent la scène pour faire place aux stars de la soirée. Le public a assez attendu, ça commence à gueuler.

21h00 : c est enfin le moment que chacun attend avec impatience, Tom Barman arrive en chemise noire et la cigarette au bec, malgré l’interdiction de fumer dans les lieux publics, sacré rock'n'roll rebel attitude du Belge, et de son groupe dEUS : ils vont enflammer les planches en bois de la petite scène, avec un concert du feu de Dieu, rehaussée par un subtil éclairage des lumières d’une rare qualité, non aveuglantes, qui varient d’un bleuté glacial à un chaud orangé. Ils sont accueillis avec grand enthousiasme, presque une ovation, et quelqu’un dans le public lance avec une revue deux t-shirts, sur scène devant les pieds de Tom qui les ramasse (le mystère de cet envoi subsiste...). La fosse est bourrée à craquer. Petit signe de courtoisie vers le public, et la première perle est lancée : When She Comes Down, avec son rythme lancinant, ouvre autant le concert que le nouveau disque. Tom délire totalement. Une manière de décoller en douceur, de magnifique ooh ooh ooh, poussé par Mauro, annoncent Sun Ra, douce mélodie (extrait de "Pocket Revolution"), avec le chœur… « Here comes, here comes the night train… »... fantastique morceau, rageur, dans une version énorme, plus percutante et sauvage, différente de l’album.

Le premier constat est impressionnant : c’est géant ! Puis prend le relais, avec une long intro, Favorite Game, à l'énergie plus tranchante et plus crue que sur album. À droite de la scène, le guitariste Mauro, sa Fender Telecaster Sunburst, barbu chevelu, charismatique, avec des yeux sublimes, irrésistibles pour toute jeune fille : il prend la pose d’un nouveau guitar hero... tandis qu'Alan manie sa basse imperturbable avec la nonchalance un peu paumée d’un Bill Wyman. Derrière, en plein centre, Stefan exulte et cogne ferme, en mettent la batterie bien en avant. Le fidèle Klaas, coincé à gauche de la scène, devant Gilles B., au violon et aux claviers, reste l’atout majeur du son dEUS. Au milieu, Tom Barman, avec sa voix abrasive, se déchaîne sur sa guitare Fender Stratocaster (bleu ciel), en maitre d’orchestre : c'est lui, avec sa voix limpide / grave qui semble vouloir dire... « I’m the lead architect ! ». Fell off the Floor, Man (de 1996) : douze ans d’âge, mais qui enchante encore les fans du groupe, fait encore monter l'électricité.

Des riffs efficaces à souhait du sidérant guitariste Mauro - qui apporte beaucoup en création, sur un son aux breaks très marqués -, porté par une fosse en ébullition (cris suraigus.. !), mettent tout le monde d'accord sur le dansant et très funky The Architect, premier single et tube de l'album. Irrésistible !... « Cause I’m the architect (I feel it's touch and go), Cause I’m the architect (I feel it's touch and go)… » sonne un peu disco, mais est imparable : tout le public danse ! Un délice ! La claque de la soirée ! Ça, c'est de l'ambiance comme je l'aime ! La soirée est placée sous le signe d’un grand dEUS, qui envoûte littéralement son public, l'accent étant particulièrement mis sur le rythme. La nostalgie est noyée dans cette énergie et dans cette rage maîtrisée, la musique a évolué et s’est renouvelée avec bonheur ! dEUS est un combo qui bouge et fait bouger. Ce concert... comment dire... c'est surpuissant, d'une énergie presque inégalable. Le groupe est en pleine forme, et s’éclate bien sur scène, c’est un plaisir de les voir ! Tom se démène, tel un diable, il est partout. La transe gagne encore en intensité avec Slow, l’un des titres les plus beaux et les plus audacieux de "Vantage Point"… « Would be the tempo of the restless mind / You've seen what a listless life can bring…”. Puis, Eternal Woman, beau avec un son plus brut : l’un de mes morceaux préférés ! On est étonnés par la puissance et l'époustouflante maîtrise scénique que le groupe possède. Musicalement, rien à dire, ils sont bons, ils assurent évidemment, c'est un bon concert, bien rock ! Les chansons gagnent en profondeur et en intensité au fur et à mesure.

À ce moment-là, Tom Barman décide de changer la setlist initialement prévue : il se tourne alors vers Mauro « Oh, et puis non, on va prendre des risques : on fait Instant Street tout de suite! ». Tom fait le décompte pour le groupe : one, two, three, four... voilà la bonne vieille chanson d’une efficacité redoutable de "The Ideal Crash", qui n'a rien perdu de son pouvoir. Le public est écrasé par la dynamique irrésistible de ce rock. Dès les premiers accords, c’est la folie… “You're probably right, seen from your side, that I've been lucky, but I've been meaning to crack all week...” : les fans reprennent les paroles qu’ils connaissent par cœur. Retour à Vantage Point avec quasi instrumental Is a Robot, morceau qui permet à Tom de danser de manière saccadée, une version beaucoup plus longue que sur l'album, avec des pauses rythmiques de Stéphane sur sa batterie, et des sons de synthétiseurs lui conférant une tonalité dissonante : ma nouvelle chanson préférée à ce jour sur la tournée. Puis c'est au tour du toujours très prenant Bad Timing, magnifique avec ses couches de son, mis en valeur par le Vox et son intro incandescente limite bruitiste, longue de sept minutes, jouée par Mauro d’une façon superbe, accompagné par Klaas qui se mêle aux montées sonores avec son violon (une véritable sirène), et électrise à nouveau le public. J’aime beaucoup ce titre, rien que pour la montée en puissance, signe des grands morceaux du groupe. Chaque musicien vaut le détour ! C'est difficile de ne pas se laisser emporter par l’émotion de ces chansons aux allures de classiques, percées de guitares acides, truffées d’expérimentations jouissives et percutantes dont seul dEUS (Tom ?) a le secret. Encore un changement de playlist (toujours Tom...), c’est Smockers Reflect, certainement l’une de mes favorites, avec sa mélodie toute simple, avant le très attendu For The Roses, qui monte sans cesse jusqu'à la folie totale, et qui clôt ce set, acclamé comme il se doit. Le show de ce soir est tout simplement un pur bonheur !

Il ne faut pas attendre longtemps pour que dEUS revienne sur scène, Tom avec une cigarette qu’il donne à un fan... et se lance dans une suite tout aussi intense avec Theme from Turnpike : avec une long intro relevée d’une basse subtile et ronde, la chanson est remaniée, puissante et destructrice, avec ses vocaux forcenés... c’est un véritable trip, vibrant à jamais. Le fulgurant Oh Your God, enfin en live, est accueilli avec tout autant d'enthousiasme, avec Stéphane au mieux sur ses tambours, et magnifique sur le refrain. Puis on continue les réjouissances avec l’inusable Suds And Soda de 1994, gifle sonique sortie du premier album, "Worst Case Scenario"... et quoi qu'il en soit, ce morceau ce soir m'a donné encore une fois des frissons et me rend toujours complètement fou. Envolée à l'arraché et atterrissage en douceur. Grandiose. Tom remercie une dernière fois le public, et plus particulièrement les fans et il s’en va avec les autres… l'ambiance est tellement infernale… alors que l'on pense que le show est terminé, Tom revient sur scène, bonne surprise, et annonce la dernière chanson, sous les regrets du public : le dernier titre de l’album, Popular Culture. Le public se calme. Ce sera un fin tout en douceur, comme une tendre caresse qui fait oublier le reste. La chanson est grande, ce qui n'a pas empêché Tom de quitter la scène après, en disant avec sa voix complètement brisée : « Je vous remercie…vous avez été très tolérants ». Ce n'est plus qu'applaudissements et cris d'enthousiasme. Les lumières se rallument, et le public semble sonné mais ravi.

Fin d’un vrai moment de rock puissant, sans concessions, qui sait séduire autant avec des titres anciens que nouveaux. La plupart des nouvelles chansons sonnent mieux en live. Un concert pas très long, pour se chauffer, pour jouer le nouvel album en live, mais à la hauteur de l’attente. J’aurais aimé plus de titre de “The ideal crash”… W.C.S. (first draft), Nothing Really End, Little Arithmetics, Start Stop Nature, 7 Days, 7 Weeks, If You Don’t Get What You Want… Ce sera pour la prochaine fois… mais le plaisir était là ! C'est toujours sur scène que dEUS donne le meilleur de lui-même avec son cocktail redoutablement explosif.

Quelques minutes pour rassembler mes pensées, pour récupérer la set list et voir Gilles B. ébloui entrer dans le paradis artificiel de dEUS. Un tour aussi pour voir la marchandise fabriqués par "Marcel de Bruxelles", une entreprise de mode apparemment célèbre, et constater que le spectacle est encore dans les oreilles ! La "vraie bonne" musique pop n’est donc pas qu'une recette anglaise, mais belge aussi ! Je sais dès ce soir que la tournée automnale s'annonce triomphale. Vivement le retour de nos belges préférés à l’Olympia (c’est une supplique...) !!! Encore bravo, voici un set dont on se souviendra, furieux, plein de riffs hallucinés... voilà ce que j’appelle un retour fracassant. Assister après 2005 à un nouveau concert-événement de dEUS a le même effet qu’un voyage dans le temps. Le groupe a évolué car ... ce n'est plus le même groupe, mais on reconnaît quand même la "patte" dEUS... et ça fait presque vingt ans que ça dure !

Mythique soirée, cri du cœur… vite, on a besoin d’air, et dehors, le parking de la Villette est désert, le soleil est parti, dEUS prend le relais. Instant Street dans la tête… “The flyspecked windows and the stinking lobbies, they'll remain all the same, all the same. This time I go. This time I go...” »






photos de fredericpoussin



The Black Box Revelation ne vous dit peut-être rien et pourtant… Ces jeunes rockeurs commencent à faire parler d’eux de l’autre côté de notre frontière linguistique.« Une énergie scénique surprenante ! » semble s’enthousiasmer la presse flamande spécialisée. En somme, un duo – et oui ! – formé en 2005, guitare-voix-batterie dans la lignée directe des White Stripes et autres groupes rock garage du moment. La recette ? Un minimum de constructions et d’arrangements pour faire ressortir un maximum d’énergie et de force ; des guitares grinçantes, une voix cassée et des roulements batterie pour un rock on ne peut plus brut.

(http://www.webzinenameless.net)
(http://www.theblackboxrevelation.be/)
(http://www.myspace.com/theblackboxrevelation)
(http://nl-nl.facebook.com/theblackboxrevelation)



dEUS
est issu de la bouillonante scène anversoise qui veut que chaque musicien qui se croise forme un groupe dans l'heure qui suit. Ce qui explique les nombreux changements de personnel endurés par dEUS depuis ses débuts et les nombreux groupes qui lui sont apparentés tels que Zita Swoon, Dead Man Ray, Kiss My Jazz, Vive la Fête ou encore Evil Superstars... dEUS parvient depuis le début des années 90 à concilier audace, énergie et sens mélodique. Des l'équipe originelle, le groupe n'a conservé que son Barman et le fidèle Klaas Janzoons au violon, mais ils tiennent bien le cap. Après une année de concerts donnés à guichets fermés, dEUS est revenu dans les bacs le 21 avril 2008 avec l'album Vantage Point (le 5éme), porté par le premier single The Architect et produit par Dave McKracken (Depeche Mode, Faithless).

(http://www.deus-fr.net/)
(http://www.deus.be/home/)
(http://www.myspace.com/deusbe)
(http://www.facebook.com/dEUSmusic)




 
 Introducing: The Blackbox Revelation (EP) (2007)
Set Your Head On Fire (2007, T for Tunes, PIAS)
 


Worst Case Scenario (1994)

My Sister = My Clock EP (1995)
In A Bar, Under The Sea (1996)

The Ideal Crash (1999)
No More Loud Music - The Singles Compilation (2001)
Pocket Revolution (2005)
Vantage Point (2008)




The Black Box Revelation




Jan Paternoster: vocals, guitars
Dries Van Dijck: drums






Tom Barman - Vocals / Guitar
Klaas Janzoons - Violin / Keyboards
Stéphane Misseghers - Drums / Vocals
Mauro Pawlowski - Guitar / Vocals
Alan Gevaert - Bass Guitar / Vocals




La Setlist du Concert
dEUS




When She Comes Down (Vantage Point - 2008)
Sun Rah (Pocket Revolution - 2005)
Favourite Game (Vantage Point - 2008)
Fell Off The Floor, Man (In A Bar, Under The Sea - 1996)
The Architect (Vantage Point - 2008)
Slow (Vantage Point - 2008)
Eternal Woman (Vantage Point - 2008)
Instant Street (The Ideal Crash - 1999)
Is A Robot (Vantage Point - 2008)
Bad Timing (Pocket Revolution - 2005)
Smokers Reflect (Vantage Point - 2008)
Roses (In A Bar, Under The Sea - 1996)

Encores 1

Theme From Turnpike (In A Bar, Under The Sea - 1996)
Oh your god (Vantage Point - 2008)
Suds & Soda (Worst Case Scenario - 1994)

Encores 2

Popolar Culture (Vantage Point - 2008)




La durée du concert : 1h37

AFFICHE / PROMO / FLYER








The Black Box Revelation - Kill For Peace (& Peace Will Die)




The Black Box Revelation - I think I like you






dEUS - Slow




dEUS - The Architect