La Setlist du Concert
BJORK
Nous sommes une bande d'allumés qui depuis des années, fréquentons les concerts de Rock au sens large, et il nous est venu, sur le tard, l'envie de vous les faire partager... dans un blog "pas comme les autres".
« Troisième journée de performance sur le site naturel du Domaine National de Saint-Cloud, pour cette sixième édition de Rock en Seine, dite aussi explosive (?). Aujourd'hui, le ciel n'est pas encore bleu, pour le moment il est même plutôt gris avec des nuages, mais la température est absolument idéale pour passer neuf heures de musique dans un parc, avec ce qui reste de gazon. Le mot "effervescence" est faible pour qualifier mon état... Pas besoin d'y passer du temps : mon sac à dos est prêt, le bracelet bleu, qui s’autodétruit à l'ouverture, bien solide à mon poignet droit, et Gilles B. n'est pas en retard à notre rendez-vous de 13h15. On est prêts pour la navigation dans Paris. Un peu de fatigue dans les jambes, mais de la bonne humeur pour vivre encore un jour de festival, avec quelques têtes d'affiche qu'on aime particulièrement, dans une ambiance paisible de vendredi. Une légère crainte me traverse l'esprit sur l'éventuelle présence d'Amy Winehouse, mais Gilles se fait rassurant. 14h10, on est sur place, et cette promenade dans les bois, malgré les feuilles mortes sur les arbres, nous remplit de joie, le soleil commençant à pointer son nez. Il y a moins de monde à l'entrée, c'est tôt et la tête d'affiche ne passe qu’en fin de journée. Pas de panneaux d'annulation d'artistes en dernière minute (je me rappelle l'année dernière pour The Horrors), des gens venus en famille sont étalés sur la pelouse, les bars, pratiquant toujours des tarifs astronomiques, sont pour le moment vides... mais pas les stands de merchandising, passage obligé pour chaque festivalier (dont Gilles...), et je peux m'installer facilement à la barrière, sur la gauche de la Grande Scène. Le timing d'arrivée a été parfait et je patiente tranquillement sous le soleil. L'ambiance n'est pas la même qu’hier, aujourd'hui c'est très calme.
respiration, Serious, première chanson de l'album est jouée sur un tempo assez rapide et nerveux, c'est énorme avec la voix enragée, directe et puissante, de Daron, qui est en grande forme malgré ses excès : ça vous rentre dedans comme une balle de fusil et vous secoue à mort ! Tout cela est entraîné par le batteur qui cogne comme un furieux sur ses fûts, et la virtuosité et le charisme de ses musiciens font un mur rythmique derrière. Le refrain entêtant est repris ("Because You Too Serious, You're Gonna Make Me Delirious, Because You Too Serious For"...) et répété à outrance par les fans. Derrière, la machine laisse exploser la fureur incandescente, déverse sa lave comme un volcan en éruption : on en a plein les oreilles. Le son est parfait, c'est du métal pur qu'on entend, et le tout contribue à rendre le show captivant. On perçoit immédiatement l'aspect beaucoup plus rude et sec de la musique, amplifié par l'autre guitariste (au chapeau noir..), et la lourdeur de la basse. SOB possède une véritable personnalité musicale, avec la voix de possédé de Daron, et une énergie contagieuse.
enchaîne à toute vitesse avec un autre riff dentelé et l’intro, très sympa, de World Long Gone, leur prochain single avec son clip tourné par Joe Schumacher ("The Lost Boys", "Batman Forever"), encore une merveille... "Sometimes, I said sometimes, I go crazy, like I'm crazy, It takes patience, lots of patience, then it's over, fucking over"... Une montée dans l'intensité, sur la scène, le groupe est frénétique et le public ravi de cet enthousiasme. On pense un peu à BYOB de SOAD. Le son est fort, le groupe tire à vue, et les fans sont les victimes heureuses, même s'ils ne tombent pas sur le gazon. Leur énergie jouissive est communicative, l'ambiance ne retombe pas, et la guitare et la batterie font même vibrer la barrière !!! Enemy, avec ses cœurs superbes et son refrain repris sur une chanson de SOAD, "We're On Drugs", sera suivi d'une magnifique mélodie, celle de Whoring Streets, mélancolique, avec la basse qui vibre avec un doux ronflement, avec la batterie très présente accompagnée par la progression de la guitare de Daron : ça commence par "Is there anybody here, who heres me crying. I'm dying", c’est le juste milieu - parfait - entre Slayer et The Beatles, c’est un plaisir
pour nos oreilles qui saignent, pour reprendre notre souffle et constater qu'on est vraiment en face d'un grand groupe qui assure un show de qualité. Chaque chanson est présentée et conclue avec de longues plages de fureur de métal lourd, laissant chaque fois le public dans un état d'hypnose. On enchaîne avec une autre ballade très mélancolique, Insane, puis... "Come eat some chemicals with me" de Chemicals, une invitation que la presque
totalité de la foule emballée est prête à accepter en chantant le refrain. Ça saute de partout sur ce rythme brûlant qui monte à la tête, rapide et marqué par la frappe de John. Ensuite vient Kill Each other/Live Forever, et son riff d'intro lancinant, un morceau triste mais puissant, joué presque tendrement et chanté par la voix déjantée de Daron, avec un hurlement de guitare strident qui prend à la gorge. Universe, jolie mélodie avec un riff accrocheur, sur l'environnement... et on a ensuite 3005 avec un petit solo assez sympathique. Funny, encore une balade bien rythmée et agréable pour suivre, sur un son digne de SOB, ça commence doucement puis le refrain est hurlé par Daron. Arrive ensuite Cute Machines, toute de métal puissant et mélodique. Un "Thank God It's All About To End, They say it's all about to end! Well I say Fuck It !" de Daron, et on arrive enfin à la dernière chanson de l'album, They Say, le magnifique tube très calibré rock avec son clip tourné par Paul Minor (Muse, QOSTA). Premier single connus de tous les fans, avec un début rempli de colère et de sueur, qui est mon moment préféré : les yeux de Daron sont pleins de rage. La barrière vibre tant le tout premier rang saute en bougeant, et derrière, la folie bat son plein avec un pogo général. Encore mieux que la version studio ! Et le public ne demande qu'à hurler "They say it's all about to end...They say, they say...". C'est l'extase, c’est une chanson énorme, il n'y a pas de mot pour la décrire... écoutez-là ! Malgré le tumulte de la foule qui acclame SOB, après un "We Are Scars On Broadway, thank you", Daron, John et le reste de la bande quittent la scène. Damn it, it's over ! Les fans continuent à chanter "Let's fuck the world with all its trend, Thank god, it's all about to end..." : mais non, ils ne reviendront pas.
20h05 : les quatre Américains de The Raconteurs, groupe de garage rock avec un son classique, débarquent sur scène, avec Jack White, dans la lumière du jour et sous une ovation. Ils commencent sans fioritures leur performance explosive avec leur blues torrentiel, leurs ballades folks et leur rock torride. La scénographie est simple mais efficace, le groupe se trouve devant l’un de ces rideaux qui rappelle celui d'un théâtre classique. Jack, chevelure bouclée et extrêmement taciturne, a laissé sa tenue rouge et noire des White Stripe dans le placard, et endosse ce soir une veste de daim sans franges style Far-West. Sa voix unique et le son de sa guitare se placent immédiatement sur l'intro de Consolers of the Lonely. Un riff universellement reconnu se propage dans l'air, magistralement combiné avec la frappe à la fois légère et puissante de Patrick, comme un drapeau qui flotte sur ce rock américain électrifié. Tuerie rock'n 'roll, gros son, impossible de ne pas aimer et encore une vraie ambiance de concert qui se développe. On enchaîne avec Hold Up, pop-punk, Level, très pop avec un amusant duo Jack à la guitare Jetson et Brendan à la Fender, puis un impressionnant duo de basse / batterie, Hands et You Don't Understand Me, qui ralentit le rythme un instant, avec une touche de "glam attitude" et avec Jack au piano. Le set confirme toutes les bonnes impressions de leur deuxième album, « Consolers of the Lonely », petit miracle musical écrit par un génie, qui sera
bien défendu ce soir dans cet espace idéal pour les nouveaux morceaux, retravaillés pour la scène avec des transitions magnifiques. On n'invente plus le rock, mais on le joue avec croyance, et Jack est le catalyseur du groupe avec sa voix, sa guitare, ses claviers et une vraie image de leader. Un passage obligé par la country, Old Enough, et on repart sur Many Shades of Black, lourd et puissant. Le moment de la reprise « personnelle » : Keep It Clean de Charley Jordan (histoire de me plaindre, j'aurais préféré la phénoménale Bang Bang de Sonny & Cher), dédicacée à Amy avec une petite phrase (prémonitoire... ou mauvaise blague ?), "You're all here for Amy Winehouse ? She won't Come !". Dans le public on sourit, personne ne relève cette provocation, on n'y croit pas.
Nous en sommes à un peu plus de la moitié du set et la première bombe éclate, Steady As She Goes, single entêtant du premier album..."Find yourself a girl and settle down, Live a simple life in a quiet town...". La foule reconnaît, explose de joie, reprend en cœur, et vibre immédiatement dans une masse assez compacte. Cette chanson, c’est sept minutes intenses, sous le grand ronflement de basse de Jack L. avec ses immenses lunettes, caché derrière ses longs cheveux noirs, il fait le vide autour de lui et donne une suite fantastique... une accélération soudaine, le morceau s'arrête, redémarre, ralentit, s'étend et se développe, se fait doux sur des arpèges de guitares électriques : ça semble être sans fin, c'est beau. Quand se termine cette merveille, arrive l'irrésistible Rich Kid Blues, une ballade sensuelle qui sent la chaleur des plantations de coton, lente, qui ne s'arrête plus, répétée avec une dextérité incroyable. Les deux copains, Brendan et Jack, dans un show un peu seventies, semblent s'éclater sur scène, ils sont complémentaires, ils chantent, ils font des duos, ils s'emmêlent dans des duels de guitares avec riffs à répétitions, ils jouent la rythmique en alternance, soutenus par les Greenhornes. La voix stridente et particulière de Jack, sa guitare au son reconnaissable, ont de nouveau fait du rock une musique intéressante, et ce soir, j'ai l'impression que White est devenu le deus ex machina du nouveau projet, que je suis en train d’écouter les Whites Stripes, mais avec une vraie basse et une batterie. Mais non ! la réalité est autre... Ensuite, il y a encore de la place pour les très efficaces Together et The Switch And The Spur, une paire d'applaudissements sur une ovation finale méritée pour cet excellent concert de rock
'n roll, teinté pop/folk et psychédélique. Un « au revoir » et ils s'en vont derrière le rideau. Le concert se finit trop tôt, bien sûr, avec la foule qui bat des mains et crie. On attend les roadies pour débarrasser la scène... et non ! Cinq minutes d'attente, et changement de programme ! The Raconteurs réapparaissent en courant pour un rappel (étrange... on se pose la question, pourquoi ?), on se regarde, un peu étonnés, dans le public, les uns et les autres, mais puisqu'on aime le groupe, on ne refuse pas ce cadeau. C’est un rappel qui porte l'empreinte et la griffe de Jack, tant pour le style et l'interprétation des morceaux : Salute your solution, très dans ligne W.S. mais avec une réminiscence Black Crowes, est suivi de Broken Boy Soldier, puis il chante seul et en final la ballade émouvante de Caroline Drama. Encore un salut pour une véritable fin de set, qui aura duré 1h28.
incrédule. La déception est totale, et la nouvelle se propage dans tout le parc, parmi les 20.000 ou 25.000 spectateurs présents, comme l’éclair. Un foutage de gueule incroyable ! Les organisateurs ont-ils cherché à jouer la montre, pour repousser cette annonce ? Sûrement ! Je trouve inadmissible et sans excuses, pour un responsable et son management, de cacher cette information jusqu'au dernier moment ! Il est difficile de trouver d’autres mots que : honteux, pitoyable et méprisant. D'après les informations, ses musiciens étaient là... tout était prêt, public ravi inclus, mais Amy n'est pas venue. Elle se fout de tout, elle vit dans un autre monde. Ce n'est pas sérieux, il faut l'oublier. Un gâchis à la dernière minute qui jette une ombre et discrédite les organisateurs (et pourtant je le connais, Salomon...) de cette journée. Troisième annulation de concert (avec la date du Trabendo) par Amy en deux ans, dont l'année dernière, ici-même. IMPOSSIBLE de dire qu’une éventuelle absence n'était pas prévisible (c'était couru d'avance, et en plus, les bruits circulaient depuis quelques jours) : notre diva traverse un trou noir depuis dix mois... Les fans, dont certains avec les t-shrits "I don't want to go to rehab" sont désemparés face à ce stress imprévu, ils sont exaspérés, et les sifflements remplacent les cris de joie virtuels. Je suis dégoûté et Gilles, muet pour le coup, me dit finalement : " Quand même, ce n'est pas possible qu'elle annule maintenant...", il n'est plus lui-même, il est pâle et enragé, il y a immédiatement un indescriptible sentiment de vide, autour de nous il a des jeunes filles qui pleurent, il y en a d'autres avec un petit sourire, tant elles craignaient cette conclusion. L'information vis-à-vis du public est déplorable, la foule devrait tout casser... mais on n'est pas au concert de RATM. L'ambiance devient irrespirable, l'effervescence règne, impossible de rester pour écouter, par obligation, le groupe de Mike Skinner (The Streets), slam hip-hop, qui est transféré d'urgence de la petite scène (de l'Industrie) à la Grande, au même horaire. Ce challenge n'est pas de mon goût, et je ne suis pas le seul de cet avis. Le public se console comme il peut, en allant à la scène de la Cascade, non prévue pour une telle affluence, pour voire Justice qui commence en retard, pour l'occasion, derrière leur mur de Marshall, et penser sûrement à autre chose sur de puissants beats métalliques.